La Flûte et le Silence

J’ai deux grands yeux bleus par lesquels pénètre le monde.
Je l’observe et le renvoie, étoilé d’émotions.
J’aime l’eau, mais c’est l’air qui me fascine.
Je joue de la flûte.
Traversière.
En bois et en argent.

Je ne peux offrir le silence:
j’aimerais que mes flûtes y conduisent, à travers des plages d’émotions, douces, tendres, profondes, déchirées, jusqu’au tremblement imperceptible de ses frontières.

Valérie Winteler

Mai 2015

coups de cœur des discothécaires de la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds

S'il me restait quelques doutes sur la vocation en solo de la flûte, les voilà balayés. Ce CD est captivant de bout en bout, agréablement diversifié et superbement décliné. On y découvre avec Jacob van Eyck des pièces d'une étonnante modernité. Suit la densité, parfaitement maîtrisée, dans la partita de J.-S Bach. Valérie Winteler nous propose alors une composition de Kazuo Fukushima intitulée "Mei": méditation déchirante inspirée par une tragédie personnelle dans la vie du compositeur. Pour compenser, l'humour de CPE Bach est le bienvenu. Au final, tout est soigné, pensé, pesé et surtout ressenti. Un grand merci pour cette réalisation chaleureuse, équilibrée, finement ciselée et si merveilleusement inspirée, recueillie même.

 

 

 


   

Invitation à un voyage où se mêlent rêverie, méditation, cri

Déambulation dans et hors du temps: les pièces ne se suivent pas chronologiquement.
La rêverie passe du son acidulé des flûtes soprano au souffle grave et méditatif de la flûte renaissance basse.
D’une pièce à l’autre, l’oreille se fait aux caractères particuliers et très en relief des divers instruments.
Mon goût pour certaines sonorités jaillies des musiques populaires m’a fait parfois rechercher une expression naturelle directe, dans laquelle l’air, le bois et l’argent se palpent et se goûtent.

Etant sensible à la richesse des timbres des nombreux modèles de flûtes traversières,
j’ai fait le choix d’interpréter quelques pièces du répertoire pour flûte seule du XVIe au XXe siècles en utilisant des copies d’instruments des différentes époques.
En effet, le caractère, la matière, les limites des instruments m’ont incitée à chercher l’expression la plus «touchante», pour utiliser un terme cher aux musiciens du XVIIIe.
A l’image des contraintes que se sont imposées un Bach ou un Pérec en littérature, les limitations des instruments historiques m’ont invitée au dépassement.
Le fait de passer d’une simple flûte cylindrique à six trous à la flûte traversière moderne mise au point par Boehm m’incite à virevolter dans le temps et les musiques.

Funambule, je rebondis sur les sons et leurs couleurs.
Le jeu est périlleux, demande vivacité et précision; le contact avec l’instrument: bois, argent, espacement des trous, diapason, clés, une clé, pas de clé… tout se passe dans cet instant où la flûte s’installe dans mes mains, contre ma peau.
Un contact précis qui entraîne doigtés, dosage du souffle, qualité sonore… c’est un monde de sensations qui se transmet et qu’il m’appartient de renvoyer…

A l’écoute de l’esprit des diverses flûtes, j’ai orienté mes choix musicaux vers des œuvres qui ne correspondent pas toujours au répertoire charmant, décoratif et virtuose souvent dévolu à cet instrument.

Toutes ces pièces me tiennent à cœur, pour elles-mêmes et pour les instruments qui m’ont guidée vers elles.

Je ne peux vous offrir le silence: j’aimerais que mes flûtes vous conduisent vers lui, à travers des plages d’émotions, douces, tendres, profondes, déchirées, jusqu’au tremblement imperceptible de ses frontières.

 

Pourquoi la flûte ?

J’ai oublié le point de départ, le moment où ce fut de cet instrument là dont je voulais jouer, pas un autre.

Et pourtant, actuellement, ce n’est pas l’instrument que je préfère ; mais c’est celui dont je joue et qui parfois se joue de moi. C’est beau, ce mot « jouer », j’en apprécie l’aisance. Lorsque je travaille, je joue, et c’est vrai. J’aime cet habit de légèreté que revêt mon travail, l’illusion qui masque un vrai labeur, ô combien sérieux, passionnant, prenant, émouvant.

Le titre d’un roman de Virginia Woolf, merveilleusement traduit en français, me vient à l’esprit : «  La Traversée des Apparences » (The Voyage Out). Ce titre résonne souvent en moi, il semble qu’il illustre ma vie même.

Il y a tant à percevoir au-delà du visible; un univers qui ne cesse de se développer, de s’imposer, de se révéler à moi et dont la perception semble devenir l’essence même de mon existence. Ainsi la vie bat au plus fort, avec intensité et justesse. La musique d’une flûte seule tisse le silence de liens ténus sortis de rien s’amenuisant au bout du souffle. En apparence, le son est là, mais est-ce encore un son ou juste de l’air qui vibre. Se jouer du silence, se jouer des sons, se jouer de soi.

L’apparence : « Ceci n’est pas une flûte ».  

Si j’ai comme arme, talisman ou compagne une flûte traversière n’est-ce pas pour qu’elle me porte au-delà des apparences ?

Toutes mes réalités sont cachées : la ville où je vis (observatoire retiré du monde), l’immeuble dans lequel je suis installée, l’homme que j’aime, le métier que je pratique, bref, les liens que je tisse avec les êtres et les choses existent et se révèlent entremêlés au-delà du visible. Et pourquoi mon choix d’enfant n’aurait-il pas été visuel, pour l’apparence de l’instrument; j’ai toujours aimé regarder les éclairs d’argent formés par les flûtes tapies dans l’orchestre.

 

Et au-delà de la belle image revient le son.

 

Pourquoi le son ?

Essentiellement parce qu’il appartient à l’invisible et parce qu’il est tout en même temps flèche et cible, une réalité fugitive. Le son est en jeu perpétuel avec le présent : silence – son – résonance - silence. Parfois dans une salle de concert je m’émerveille de ces gens rassemblés, assis ou debout, qui sans bouger, écoutent…

 

Imaginons que le son d’une flûte s’est frayé une voie dans le chatoiement de l’orchestre, dans les accents complices du petit ensemble de chambre, du quatuor, du trio, du duo…..pour finalement résonner seul.

C’est un chemin, une descente au creux du souffle en corps à corps avec des matières résonantes, un cœur battant au rythme des phrases, des lambeaux d’âme, fugaces, entremêlés…

Tout l’orchestre réduit à ce fil aérien d’histoires portées par les décennies et les siècles.

 

Et pourquoi ne pas faire surgir une silhouette de ce programme qui s’étend sur plus de quatre siècles ? Amarillis. J’aimerais vous faire part de l’image que je m’en suis petit à petit formée, une interprétation faisant place à une autre..

 

« Amarillis est impatiente de voir le soleil se lever. Transie sur une chaise, elle attend que l’aube finisse de dessiner sur le plancher de bois un chemin pâlot, diffus qui s’étire petit à petit jusqu’à ses pieds ; pieds qu’elle ne veut pas recroqueviller sous elle. Pourquoi ne pas rejoindre le lit bien tiède au lieu de s’habiller d’air froid ? Non, Amarillis veille; veille et chaleur ne vont pas de paire. La fille se tient droite, elle attend … ne pas se laisser surprendre par le sommeil, ce traître.

Elle compte les lames du plancher, quatre fois les dix doigts plus trois ; la septième depuis la gauche est nettement plus large que les autres, et celle qui suit est fendue, la fente commence au pied du mur et se perd sous le lit. Après on en saute trois et on arrive sur les trois suivantes qui grincent horriblement, surtout sous le poids du père quand il s’avance.

Puis elle contemple les nœuds inscrits dans le bois, des confettis d’étoiles noircies qui parsèment tout le sol. Elle y organise un monde, tisse des liens entre ces îlots irréguliers, de taille et de formes diverses, se dessine mentalement des constellations, s’invente des monstres qu’elle apprivoise…. S’ils surgissent d’un côté, vite elle saute de l’autre où là elle trouve îlots, refuges, ciel, étoiles… si la réalité pouvait sautiller ainsi… tous les monstres : écrabouillés, métamorphosés, partis, évanouis, disparus, sous le lit, dans la fente. Disparus ? Complètement ? Jamais. Amarillis sait maintenant qu’ils peuvent réapparaître toujours, sous toute forme : les petits gémissements insinuants et même la vapeur douce brusquement peuvent se gonfler, se déployer et faire mal… et quand cela suffit, quand ils en ont finis pour cette fois, ils s’en vont se cacher, fatigués, dans les fentes, derrière les murs, hors les murs, mais peut-être aussi sous l’oreiller.

Alors Amarillis qui a survécu, qui émerge toujours, rejoint ses îles, les compte, les visite, les embellit chaque fois davantage, soit de rivages sablonneux ou de terre noire et lourde qu’elle respire, elle choisit des fleurs, des écorces, des vers de terre ou des tout petits crabes, c’est selon ; elle organise les éléments à son gré : ruisseau ou rivages, convoque le soleil, réinvente la pluie et le soir, sous la lune allume des feux autour d’elle, se couche au milieu pour regarder les étoiles. Quand elle le veut, elle les rejoint. Pour cela il suffit de resserrer les feux, de les rassembler, si proches qu’il n’en forment plus qu’un seul au milieu duquel elle se consume. Elle se nomme phénix alors, l’oiseau chaud, rayonnant, incandescent lui permet l’envol vers les étoiles, le voyage d’où elle ramène une lumière au fond des yeux, si vivante, si chaude, complètement neuve, intouchée, de nouveau elle tout entière. Mais parfois au milieu du feu elle choisit le froid, le froid qui résiste aux flammes; elle veut rester sur terre en éteignant tout autour d’elle, demeurer seule, toute seule, la seule qui sait. Sale, amant, âme, salame, ment, membre, membrâme, sel, sang, cendre, amande… Amarillis joue, joue, se joue de chaque syllabe, des images, du temps, elle est indestructible.

  • Toujours sur ta chaise ! Allez, sors, il fait jour !

La voix rude éclate hors du lit. Une ombre se déploie, le plancher grince.

Amarillis, ne bouge pas encore, elle attend qu’il s’éloigne.

Puis elle sort.

C’est vrai que le jour est bien là. Un autre jour, pas le sien, pas celui qu’elle créée, un autre, qui peut convenir. Déjà les parfums tournent autour d’elle. Elle ne se coiffe pas, boit juste un peu d’eau au passage et va libérer les chèvres.

Elle devra traverser la route, passer entre les maisons pour rejoindre le chemin qui mène vers le bois et puis, plus loin, les champs.

Elle n’est pas seule, d’autres filles la rejoignent ; elles croisent les garçons, tous des gamins basanés et rieurs. Amarillis les regarde, regard franc ou glissé, elle les passe. Eux aussi en retour l’observent, toujours plus belle, souriante, remplie d’âme jusqu’au bord des yeux, si attirante, elle rit toujours et pourtant on ne l’approche pas, elle ne veut pas, ils le savent.

Au détour des routes, sous les pierres, accrochés aux arbres, entremêlés aux branches des buissons Amarillis trouve leurs messages :

Viens voir, j’ai attrapé 3 lézards !

Amarillis, tu es trop belle !

J’ai trouvé quatre billes, deux sont pour toi !

Tu viens nager avec moi ? Je connais un beau coin

Pourquoi tu dis jamais rien ?

Tant que leurs voix sonnent à l’unisson avec la sienne,  Amarillis sourit à tous ces frères qui partagent avec elle les rires du vent; mais dès que leurs timbres commencent à se voiler, que l’homme à venir se fait deviner, elle dresse entre elle et eux un mur invisible, parfaitement efficace. Le vent oui, les vent les a rassemblés jeté les uns contre les autres, a excité leurs cris mais c’est lui ensuite qui les as séparés pour reprendre son chant solitaire et habiller le silence, bouffi, énorme qui d’un coup s’est emparé d’Amarillis. Car le silence, s’est mis à gonfler autour d’elle on ne peut plus l’atteindre, il n’y a plus que ses yeux, ses yeux brillants qui nous regardent ; non, ils ne nous voient pas, ils regardent ailleurs, passent au travers, laissant flotter derrière eux une question, une seule « qui est là ? ».

 

Note :

 

Au cours des siècles les poètes ont évoqué Amaryllis comme une femme d’une beauté naturelle irrésistible, indifférente aux avances des bergers.

 

Dans l’Idylle du Chevrier (écrite entre 275 et 260 av J .C .) , le grec Théocrite conte le désespoir d'amour d'un chevrier pour la charmante, mais cruellement indifférente, Amaryllis qui pousse son soupirant au désespoir.

 

      …  Ô charmante Amaryllis, pourquoi, penchée pour regarder, à l'entrée de cette grotte, ne m'appelles-tu plus vers toi en me nommant ton doux ami ? Tu me hais peut-être, tu prends en mépris mon nez trop court et ma barbe trop longue ? Je me pendrai de désespoir, ô nymphe, et c'est toi qui me feras mourir….

Ma tête me fait mal ; mais que t'importe, à toi ? Je ne chanterai plus. Je vais me coucher là, je resterai gisant et les loups me dévoreront. Que cela soit à ton cœur comme du miel à ta bouche !....

 

 

Virgile (v. 70-19 av. J.-C.) , a chanté dans ses Bucoliques la beauté et la dureté d'Amaryllis

 

… Le loup est chose terrible pour les étables, la pluie pour la moisson mûre,
le vent pour l'arbre, et pour nous la colère d'Amaryllis…..

 

Après Théocrite et Virgile, Guarini (1538 - 1612) évoque Amaryllis dans son "Berger fidèle" (Il Pastor Fido)

 

Cruelle Amaryllis qui avec ton nom,
aimer, hélas, amèrement enseigne…


Puis Caccini (v. 1550 - déc. 1618)

Ma belle Amaryllis,

Ô objet si cher à mon coeur,

Ne me crois-tu pas,

Lorsque je dis que tu es mon amour ?

 

N’en doute pas cependant,

Et si le doute t’envahit :

Prends cette flèche

Perces-en ma poitrine

Et tu verras apparaître, gravé sur mon cœur :

Amaryllis est mon amour.

 

Et bien d’autres après eux ont évoqué les plaintes des cœurs délaissés.

J ’ai fais un feu

Mai jouant à novembre

Un feu de joie et de danse

Rouge, jaune, bleu

Il m’a fallu du temps pour arriver à cela: un feu avec autour, ceux qui de tout temps m’accompagnent et que je salue les uns après les autres: Mère Patience, Frère Silence, Sœur Attention, Dame Nature… d’autres se cachent, ou viendront plus tard.

Nous voilà rassemblés là à contempler ce feu simple et vif. Je regarde la mouvance des flammes accrochées à leurs bûches tout en même temps qu’elles s’en élancent. Belle légèreté bondissant du bloc noir qui lentement blanchit, insensiblement devient cendre floconneuse et brûlante. A force de la fixer, je deviens bûche noire; je la traîne, je l’entraîne comme mon bagage. Je vois comme elle fut verte et souple, puis blanche et caramélisée de trop de lunes sans soleil. Et maintenant noire, toute noire, ENFIN noire pour que jaillisse cette lumière. Noir, Blanc, Rouge. Et avec l’incandescence le poids diminue, elle donne, elle donne ses printemps fleuris, gorgés d’averses soudaines, de nids d’oiseaux et de l’ivresse de leurs chants, elle donne les parfums d’herbe, de terre, d’humus et les petits cailloux jouant avec ses racines, elle donne les poils roux et odorants des bêtes venues se frotter à elle, la sécheresse, la neige, la foudre toute proche, le vent étourdissant de caprices, tous ces trésors, tout cet impalpable accumulé pesant son poids d’instant fugitifs, là, resserré, de l’écorce au coeur. Flammes qui caressent la bûche et l’enserrent pendant qu’elle se consume

Je fis un chant

Un chant sucré comme une prune d’automne

Un chant soufflé,

Pleuré,

Silencieux comme un trait de lumière

Car le silence fut mon guide…Ô mon Frère. Je te trouvais partout autour de moi, caché sous les feuilles, collé sous les sabots des vaches, au pied d’un tilleul, entre les oreilles du chien, derrière le regard trouble d’êtres muets et souriants, porté par la voix d’un jardinier, silence rougissant et parfumé autour des fraises, geignant dans les roues du tricycle vert, toi qui frémis dans la forêt et poteclapotiqueclap le long des rives

J’ai cherché, j’ai trouvé,

J’ai perdu,

Attendre, continuer,

Recommencer

Encore, encore, encore


Mère Patience, si douce tendre et sereine, je te vois dans un certain sourire enrobé de brumes, tu étais là pour enfiler les perles des heures, pour caresser un cheveu blanc penché sur son café au lait, accompagner et soutenir un bras trop maigre, guetter l’aube, apprendre la flûte, se retrouver seule, tous les jours, pour sortir l’instrument de l’étui, l’animer, le ranger, recommencer, recommencer.

De l’air frais

De l’air chaud,

Va et vient,

L’un suivant l’autre,

Je ne lâche pas


Avant, maintenant, après,

Ne pas quitter,

Aller au-delà.

Poursuivre,

Aurore bruissante de pas rapides dans la rosée fraîche,

Nuit soudaine et lumineuse

Au-delà du souffle, au-delà des pensées

 

Sœur Attention, je deviens licorne avec ce pic, devant, qui ne me quitte pas.

Feu

Eau

Air

Terre

Omniprésente, tu me dorlotes depuis toujours. Je te sais là, je ne m’éloigne pas trop car sans toi l’air se fait rare. Et pourtant je ne suis pas de ceux qui arpentent les chemins, qui escaladent, grimpent, plongent, s’ébattent vivement en toi. Je te respire surtout, je t’écoute, te savoure au creux de toi ou alors à petite distance. Je m’arrange pour être en des lieux que tu habites ou hantes. Dame, je te salue car sans toi, sans toi, eh bien, rien.

 

Mei

Elle s’est perdue, perdue dans le noir,

Lacérée.

Portée, enlevée, chuchotée, laissée,

Laissée là, comme endormie.

 

Gisante au froid du sol,

Elle s’enfonce… à paroles perdues,

Partie en chasse d’amour,

Aspirée par un sillon d’air soufflé.

 

Moi qui demeure, je rattrape

le chant glissé hors de sa bouche.

Il passe maintenant, à travers moi,

Entre les mondes.

 

 

À la mémoire de Motoko,
mon amie flûtiste qui a choisi le silence, pour toujours

smod.

od.

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L’Air me nargue.

Air à danser

Air à chanter

Air à boire.

C’est si simple, un air.

Joue-moi un air de flûte !

Au départ, j’ai cherché le souffle alentour, happé, volé ce que je pouvais…. Il a fui : vide d’air !

Comment le retenir, le soumettre pour l’étirer au fini de longues phrases collées les unes aux autres.

Il est là pourtant, souverainement impalpable, toujours renouvelé, partout, surabondant… hélas j’en manque comme dans un cauchemar où ce à quoi j’aspire se trouve tout près, à disposition ; il suffit que je veuille m’en emparer pour que ça se dérobe! Ou alors c’est mon geste qui ne trouve pas son aboutissement.

Partir sur un son, le laisser flotter, vivre, si seulement !

Non, l’air était à conquérir !

Me voilà comme une masse qui, pour avancer, a besoin de son carburant; masse gênant faite de côtes résistantes, d’une gorge étroite et de peau imperméable. Sans faiblir j’entame la lutte épuisante sachant la quête infinie. Poumons gonflés à bloc sur matelas de béton, c’est parti ! Escalade de notes avec un seul but : tenir jusqu’au point fixé. Du coin de l’œil je surveille la vitesse de l’approche – qualité du son et justesse importent peu, il s’agit de: tenir! La phrase exhalée, je happe ce que je peux d’air neuf – si possible sans bruit – et j’entame l’étape suivante. Vive la flûte ! Et le discours musical dans tout cela ? Après. Je note d’abord les respirations.

Un jour, enfin, un beau jour, le mot-clef « accueil » fut prononcé: ne pas prendre mais accueillir ce qui est déjà là, ouvrir ses pores, relâcher le geste.

Transformation! De deux entités : air + moi, devenir une. Magie de la transmutation : il n’y a rien à prendre puisque tout est là, autour et aussi dedans. Etre cette forme souple qui danse sans contrainte sur le son, portée par le souffle.

Serait-il possible que l’air devienne mon allié, que je puisse m’appuyer sur lui, le moduler, jouer avec…. Il semble que oui. Les respirations prennent leur place, s’installent au fil du chant. Surtout ne pas les masquer, elles sont ponctuations, jalons, expressions, froissement d’âme… elles SONT.

J’ai pris mon souffle, sans tapis de cordes - même pas une seule - le rythme au creux du ventre, une larme au cœur et … je sais, vous me sentez proche, trop peut-être, car l’être émane de ce souffle et tant de proximité peut gêner. Pourtant, c’est à vous que je parle et à vous – seul.

Flûte seule pour auditeur solitaire…. Deux solitudes rejointes se font face. L’une écoute, l’autre écoute, l’une joue, l’autre écoute, l’une respire, l’autre respire et écoute, l’une saute, rebondit, se plaint, meure, ressurgit, se déploie, tremble, taille dans l’air, l’autre écoute, reçoit, prend, rejette, continue… l’une souffle le rappel des couleurs, des inflexions, des timbres continuellement à choisir et créer, l’autre écoute

Une vraie solitude et une fausse. La vraie ce serait la vôtre car moi je suis accompagnée, précédée même, d’un compositeur et d’un instrument : je suis seule à trois et pendant que le son tourne, c’est tantôt le chant qui capte l’attention, tantôt l’instrument et son timbre particulier, ou alors la flûtiste, son souffle, ses articulations… un bruit de clé et vous voici ramené à la flûte même.

Nous voici donc quatre, vous et nous trois.

Ou même « nous plusieurs », car habitée comme je suis de sensations et souvenirs, c’est un bruissement de mots et d’impressions qui ne demandent qu’à naître musique. Comment exprimer au mieux tout le temps qu’il a fallu, toute la somme d’arrêts, d’attentes, de réflexions et de rêveries qui furent les miennes pour finalement accorder mon cœur aux inspirations de l’instant. Laisser jaillir le passé qui m’habite pour en enrober le moment du jeu. Lucidement et généreusement, projeter tout mon avoir vers les sons à venir. Solitude riche et bruyante, j’ai besoin d’elle pour voir clair en moi, pour affermir ces voix vacillantes qui aimeraient partir au loin, vers vous. Vers vous seuls, vous qui, assis quelque part, avez choisi d’accueillir ces flèches sonores qui, je le souhaite, vous caresseront le cœur pour quelques instants.

 

Marin Marais (1656-1728).

Virtuose de la viole de gambe, Ordinaire de la Chambre du Roy pour la viole, compositeur et professeur était déjà cité en 1680 parmi les grands maîtres de musique actifs à la cour de Louis XIV. Ardent défenseur du goût français en pleine période de « guerre musicale » entre le goût italien et le goût français, ses pièces pour violes (environ 700) « propres à être jouées sur toutes sortes d’instruments » sont des pièces isolées ou des Suites de danses que les interprètes étaient libres de jouer intégralement ou non. Je ne joue pas toutes les variations des « Folies d’Espagne » proposées habituellement par Hans-Peter Schmitz (ed. Bärenreiter) et en ai ajouté deux autres, transcrites d’après le manuscrit de Marin Marais.

Cornelis Neet (1960).

Je revois Cornelis entrer chez moi au printemps 1982, une feuille de musique à la main. Je fêtais mon anniversaire et il m’offrait cette pièce écrite le jour même. Elle était intitulée: « Pièce courte pour flûte seule. Composition spontanée .

Ecriture  : 19 mars 1982 ; 11h14-14h14 à 475 mètres d’altitude à Neuchâtel, temps nuageux à couvert, humidité plutôt humide.

Commentaires  : aucune notion de flûte sinon la tessiture, pièce écrite pour Valérie (Winteler comme elle le dit si bien).

Interprétation  : aucune idée précise, peut-être une sonorité assez douce, plutôt bois que métal,

Tempo  : noire à 60’ environ, rubatos possibles.

Style  : à définir

Opus 3,3. »

Jean-Baptiste Lully.

« L’Air d’Iris » fait partie de «  La Grotte de Versaille » , un ballet de cour donné lors des grandes festivités qui se déroulèrent à Versailles en 1668. Le texte est de Philippe Quinault. L’œuvre remporta beaucoup de succès, d’où sa reprise par Hotteterre qui arrangea souvent des airs demeurés populaires. Ce sont souvent des airs tendres qui doivent rappeler les soupirs et les plaintes exprimés par les chanteurs. Le caractère doux et expressif de la flûte traversière se prête particulièrement à traduire ces atmosphères.

Dans ces déserts paisibles,

Rochers, que votre sort est doux !

Vous êtes insensibles,

Trop heureux qui l’est comme vous.

 

D’une rigueur extrême

Mon cœur sent les plus rudes coups ;

L’insensible que j’aime

Est cent fois plus rocher que vous.

Jacob van Eyck (1590 env.-1657).

Carillonneur à Utrecht, nommé à la cathédrale en 1625, il s’occupa de quasiment tous les carillons de la ville jusqu’à sa mort. Aveugle de naissance, il avait l’ouïe très fine et excellait dans l’art d’accorder les cloches. Excellent flûtiste à bec, il vit son salaire augmenté en 1649 pour aller de temps à autre enchanter les oreilles des promeneurs qui déambulaient autour de l’église St-Jean.

« Der Fluyten Lust-Hof » (le jardin des délices de la flûte) constitue une sorte d’anthologie de psaumes et d’airs populaires au XVII siècle. Quelques duos mis à part, ils sont écrits pour flûte seule.

Les pièces de Jacob van Eyck appartiennent plus communément au répertoire de la flûte à bec mais peuvent tout aussi bien être jouées avec les diverses tailles de flûtes traversières de la Renaissance.

J’ai choisi une flûte renaissance soprano pour le beau thème de « Dafne »: la transparence et la fragilité de l’instrument me semblent évoquer au mieux cette jeune fille inaccessible. (Poursuivie par Apollon, elle implora son père, le fleuve Pénée, de la sauver et celui-ci la transforma en laurier).

Le thème d’ « Amarilli » provient de Caccini ; il apparaît dans les  « Nuove Musice » de 1601. Je me le réapproprie à la fin, comme un écho transformé par les siècles.

 

Amarilli mia bella, non credi
O del mio cor dolce desio,
D’esser tu l’amor mio ?
Credilo pur: e se timor t’assale,
Prendi questo mio strale
Aprimi il petto e vedrai scritto in core
Amarilli e il mio amore

 

Ma belle Amarillis,
Ô objet si cher à mon coeur,
Ne me crois-tu pas,
Lorsque je dis que tu es mon amour ?

N’en doute pas cependant,
Et si le doute t’envahit :
Prends cette flèche
Perces-en ma poitrine
Et tu verras apparaître, gravé sur mon cœur :
Amarillis est mon amour.

 

 «  La Pavaen Lachrymae » est un des thèmes les plus célèbre
de John Dowland (1563-1626), qui l’a utilisé à de nombreuses reprises. 
John Dowland signait parfois Jo Dolandi di Lachrimae

 

Flow, my tears, fall from your springs.
Exiled for ever let me mourn…
Where night’s black bird her sad infamy sings,
there let me live forlorn.
Down, vain lights, shine you no more.
No nights are dark enough for those
that in despair their last fortunes deplore.
Light doth but shame disclose.

Never may my woes be relieved,
since pity is fled;
And tears and sighs and groans my weary day of all joys
have deprived.
From the highest spire of contentment
My fortune is thrown;
And fear and grief and pain for my deserts are my hopes,
since hope is gone.

Hark! You shadows that in darkness dwell,
learn to contemn light.
Happy, happy they that in hell
feel not the world’s despite.

 

Coulez, mes larmes, jaillissez de vos sources.
À jamais exilé, je pleure ma perte…
Là où l’oiseau noir de la nuit chante sa douce infamie,

Là puissé-je vivre, triste et abandonné.
Cessez, vaines lumières, ne brillez plus !
Nulle nuit n’est assez noire pour ceux
Qui, désespérés, déplorent leurs fortunes passée.
La lumière ne fait que découvrir la honte.

Mes chagrins ne seront jamais soulagés,
Puisque la pitié s’est enfuie ;
Et pleurs, soupirs et gémissement sont privé de toute joie,
Mes journées lasses.
Depuis la plus haute tour du bonheur
Ma fortune a été précipitée
Et crainte, douleur et peine sont mon seul espoir,
Car l’espoir n’est plus.

Ecoutez, ombres, peuple des ténèbres,
Apprenez à mépriser la lumière.
Heureux, heureux ceux qui aux enfers
Ne subissent pas les outrages de ce monde.

Jean-Sébastien Bach (1685-1750)

Pablo Casals jouait tous les jours une des six suites de Bach pour violoncelle seul. Le dimanche, il choisissait celle qu’il avait préférée pendant la semaine. Le « Solo pour la flûte traversière » ou « Partita » est aussi bien le pain quotidien des flûtistes que la tresse au beurre des jours de fêtes.

Dans la « Sarabande », les reprises ornées sont de Raymond Meylan et j’ai adopté quelques unes des ses idées, les mêlant aux miennes, dans la « Corrente » et la « Bourrée anglaise ».

Kazuo Fukushima (1930).

« Mei », pièce saisissante, a été écrite à la mémoire d’un ami de Fukushima, Wolfgang Steinecke qui mourut accidentellement en 1962.

« Mei » signifie fantomatique, sombre, indicible. Dans la religion Shinto, on prêtait au son de la flûte le pouvoir de pénétrer le monde surnaturel pour invoquer les dieux. La technique d’écriture et le traitement du son évoquent le shakuashi, la flûte traditionnelle japonaise.

Jacques-Martin Hotteterre dit le Romain (1674-1763).

Il est l’un des plus remarquables flûtistes du XVIII siècle. En tant que basse de viole et bassoniste, il entra en 1705 à la musique de la Grande Écurie. Sa célébrité provient surtout de sa virtuosité comme flûtiste de la Chambre du Roy. Il écrivit plusieurs méthodes dont la renommée fut considérable.

Petite pièce de genre, les « Ecos » de Hottererre démontrent bien les possibilités de dynamiques de la flûte traversière alors en pleine expansion. C’est une des raisons pour lesquelles le traverso, petit à petit, supplantera la flûte à bec.

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788).

Il entre en 1738 comme claveciniste dans l’orchestre du prince héritier de Prusse. Lorsqu’en 1740 celui-ci monte sur le trône sous le nom de Frédéric II, Carl Philipp Emanuel reste à son service. Nommé claveciniste de chambre en 1741, il se révèle rapidement un maître de la musique instrumentale, en particulier du clavier et marquera profondément son époque. Il incarne typiquement cette génération de 1750-1775 qui, avant l’essor définitif du classicisme et en l’absence de style intégré, cultive une manière très individuelle: romantisme passionné, brusques modulations dramatiques, rythmes imprévus et largement syncopés. « Un musicien ne peut émouvoir les autres que s’il est ému lui-même », disait-il volontiers. C omme le recommandait Carl Philipp, j’ai réalisé, moi-même les ornements des deuxième et troisième mouvements de la sonate.

Claude-Achille Debussy (1862-1918).

Pour demeurer conséquente, je joue « Syrinx » avec une flûte Louis Lot généreusement prêtée, afin de me rapprocher au plus près de la sonorité d’une flûte française du début du siècle. Mon inspiration provient des termes mêmes que Debussy adressa à Gabriel Mourey, auteur du texte du ballet Psyché où la pièce devait être intégrée : « Jusqu’à ce jour je n’ai pas encore trouvé ce qu’il faut… pour la raison qu’une flûte chantant sur l’horizon doit contenir tout de suite son émotion ».

Voici le texte de Gabriel Mourey:

Psyché, Acte III, Scène I

Mais voici que Pan de sa flûte recommence à jouer ...
Il semble que la Nuit ait dénoué
Sa ceinture et qu'en écartant ses voiles
Elle ait laissé, pour se jouer,
Sur la terre tomber toutes les étoiles…
Oh!comme, dans les champs solennels du silence,
Mélodieusement elles s'épanouissent!
Si tu savais…
Tais-toi, contiens ta joie, écoute.
Si tu savais quel étrange délire
M'enlace, me pénètre toute!
Si tu savais ...je ne puis pas te dire
Ce que j'éprouve. La douceur
Voluptueuse éparse en cette nuit m'affole ...
Danser, oui je voudrais, comme tes soeurs,
Danser ...frapper de mes pieds nus le sol
En cadence et, comme elles, sans effort,
Avec d'harmonieuses poses,
Éperdument livrer mon corps
À la force ondoyante et rythmique des choses!
Celle-ci ressemble, au bord des calmes eaux
Où elle se reflète, à un grand oiseau
Impatient de la lumière ...
Et cette autre tout près qui, lascive, sans feinte,
Se roule sur ce lit de rouges hyacinthes ...
Par la chair d'elles toutes coule un feu divin
Et de l'amour de Pan toutes sont embrasées ...
Et moi, la même ardeur s'insinue en mes veines;
O Pan, les sons de ta syrinx, ainsi qu'un vin
Trop odorant et trop doux, m'ont grisée;
O Pan, je n'ai plus peur de toi, je t'appartiens! ...

Anonyme « My lady Careys Dompe ».

Cette mélodie du XVI siècle est tirée d’un recueil de pièces destinées au virginal, recueil composé par un auteur anonyme anglais. A mes oreilles, le caractère de « My Lady Careys Dompe » est intemporel. La façon dont le chant se déroule, obstiné et naïf, me donne un sentiment d’infini (on peut s’arrêter un peu où l’on veut) qui me semble convenir pour terminer ce CD.

 

 

Renaissance  
10
  Soprano 440 Hz G. Tardino, Rome
4
  Tenor 392 Hz G. Tardino
12
  Basse 392 Hz G. Tardino
Baroque  
1-3-11
  J.H. Rottenburgh 392 Hz Anonyme, 1990 env.
5-6-7-8
  J.H. Rottenburgh 415 Hz R. Tutz, Innsbruck
Pré-classique  
13-14-15
  A. Grenser à une clé 415 Hz R. Tutz
XXème siècle  
16
 

Flûte Boehm

438 Hz Louis Lot, Paris, n°1524
9
  Flûte Boehm 440 Hz Koregelos, Oakland, Ca.
2
  J.H. Rottenburgh 415 Hz R. Tutz
17
  Flautino 440 Hz R. Tutz

 

Les flûtes renaissances

Les instruments sont cylindriques, sans clé, faits en une seule ou deux parties.
J’ai choisi trois modèles aux tessitures différentes qui me semblent convenir à l’esprit des pièces.
Mon approche historique se limite au choix des instruments, pour la couleur des timbres toujours. La flûte basse par exemple n’était pas utilisée en solo, son rôle se bornant à être la basse d’un consort de flûtes traversières (1 dessus, 2 tenors, 1 basse); j’aime cependant faire sonner cet instrument dans la « Pavaen Lachrymae ».
Mon choix est là purement affectif.

 

Les flûtes baroques et classique

J’ai préféré une flûte au diapason bas, copiée d’un modèle de Jean-Hyacinthe Rottenburgh (392 Hz en ébène) pour les « Folies d’Espagne », ainsi que pour l’ « Ecos », et l’ « Air d’Iris ». Cet instrument, souvent en usage en France aux XVII et XVIIII siècles, a un timbre très flatteur.

 

La copie de Jean-Hyacinthe Rottenburgh (415 Hz, en buis) a un son rond et ample. Elle sonne particulièrement bien dans la « Partita » de Jean-Sébastien Bach.

 

Le côté plus clair et incisif du modèle d’August Grenser (415 Hz en ébène) - parfois sombre dans les graves - m’a guidée dans la « Sonate pour Flûte Seule » de Carl Philipp Emanuel Bach.

 

Les flûtes traversières

La flûte Louis Lot utilisée pour jouer « Syrinx » m’a touchée au cœur dès que je l’ai vue. Sa facture est extrêmement raffinée et le son correspond aux promesses de l’apparence. Je l’ai découverte in extremis, l’ai jouée pendant moins d’une heure et pourtant, son caractère m’a amenée exactement là où je voulais.

 

La flûte canadienne Koregelos, est « ma » flûte depuis 1989. J’apprécie sa rondeur, ses couleurs et sa souplesse, toutes qualités requises pour reproduire les immenses contrastes qui font le caractère de « Mei ».

 

Le flautino

Le flautino est un instrument « imaginé » il y a une vingtaine d’années, par une flûtiste allemande, Sabine Stegmüller en collaboration avec le facteur autrichien Rudolf Tutz. Ce dernier s’est inspiré d’un instrument fabriqué à Prague autour de 1830, une petite flûte traversière en bois a deux clés (sib/sol#). Elle est destinée aux enfants qui désirent jouer de la flûte traversière dès l’âge de 6-7 ans. A l’œil, on dirait un fifre, mais sa tessiture correspond à celle de la flûte à bec alto. Son côté naïf et nostalgique tout à la fois convient particulièrement bien aux mélodies irlandaises et à l’esprit de « My lady careys dompe ».

 

Valérie Winteler

Elle joue plusieurs types de flûte traversière… en érable, en buis, en ébène en argent.

L’air est certainement l’élément qui la fascine le plus. D’une saison à l’autre, d’une région l’autre, elle hume les lieux. Invisibilité et omniprésence.

Elle apprécie l’essoufflement contrôlé des longues courses à pied, la technique respiratoire entraînée et calculée pour soutenir les phrases musicales.

Quand elle plonge (dans l’eau), elle découvre que, d’invisible, l’air prend forme et devient palpable, ô combien bruyant, voire envahissant dans le monde du silence.

Elle aime les thés bien dosés, infusés à juste température; elle en abuse même.

Elle peut rester des heures sans rien faire en apparence. Elle tient à ces moments. En réalité, c’est là que tout se met en place.

S’ensuivent les actes, réfléchis ou intuitifs. On peut dire qu’elle a de la chance.

Valérie Winteler a deux grands yeux bleus.

Le monde rentre dedans ; elle l’observe et vous le renvoie étoilé d’émotions. Cela peut décontenancer.

Une corde particulièrement sympathique se met à vibrer lorsqu’elle rencontre des chiens. Elle en recueille un, un jour, qui traînait dans la rue: une histoire magnifique.

Ses passions: tisser des liens, établir des ponts entre les mondes, faire des synthèses.

Elle est fascinée par cette infinité de correspondances possibles entre les mots, les gestes, les sons, les voix, les êtres, les objets et les lieux, le temps….

Une bonne part de ces ingrédients entrent dans son chaudron d’enseignante, un pan de son métier auquel elle tient absolument.

Elle aime lire à haute voix, pour les enfants bien sûr, mais aussi pour les handicapés de la vue.

Elle n’aime pas le bruit, les discussions politiques, les films américains, les vitrines de boucher.

Elle pense trouver son unité dans la diversité.

Le trac, dites-vous? Elle le connaît, l’a apprivoisé, le recherche même.

Valérie Winteler: musicienne.

Études
Flûte traversière au Conservatoire de La Chaux-de-Fonds (CH).
Traverso avec Barthold Kuijken au Conservatoire Royal de La Haye (NL).

Musique de chambre
Le Salon de Madame Victoire (B), Le Graupner Ensemble (B), Airs de cantates de J-S Bach pour ténor, traverso et basse continue (CH), musiques renaissance avec Fifari e Balli (CH), Duo ValB, flûte à huit clés et guitare(CH), et duo avec pianoforte (CH).

Orchestres
Il Fondamento (B), Die Wiener Akademie (A), l’Orchestre des Champs-Elysées (F), das Neue Orchester (D), die Freitagsakademie (CH), L’Ensemble Baroque du Léman (CH)…

Festivals
Bruges (B), Ambronay (F), Beaunes (F), Sablé s/Sarthes (F), Maastricht (NL), Utrecht (NL)…

Musiques populaires
(Suisse*, Pays de l’Est, Irlande, Italie)

Lecture-spectacles
«Les Fourberies de Scapin» (TPR), «Savon Parfait» (Henri Michaux), Conte de Grimm, Fables de La Fontaine

Enseignement
Flûte traversière dans la région neuchâteloise (CH)

*CD Musiques traditionnelles en suisse romande, VDE Gallo 1125

 

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